Passionnée par le monde du spectacle vivant, Chloé Bodart, Architecte et associé chez Compagnie Architecture, partage son parcours, ses projets emblématiques et sa vision d’une collaboration fructueuse entre architectes et acousticiens. De la réhabilitation du Krakatoa à Bordeaux à l’intégration de l’acoustique dans des projets comme la salle de la cabane à la cartoucherie de Toulouse, découvrez comment l’acoustique enrichit l’architecture et transforme notre expérience des lieux.
GAMBA : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre spécialisation en architecture culturelle ?
Chloé Bodart : Mon parcours est étroitement lié au monde du spectacle vivant. J’ai découvert cette passion lors de mes études en architecture, grâce à un professeur qui nous a fait visiter des théâtres et opéras parisiens. Cette immersion m’a captivée. J’ai ensuite travaillé avec Patrick Bouchain sur des projets culturels majeurs comme l’École de Cirque Fratellini ou encore la scène éphémère des jardins du Château de Versailles. Ces expériences ont façonné mon approche, mêlant technicité et expression artistique.
GAMBA : Quelle place occupe l’acoustique dans vos projets ?
Chloé Bodart : L’acoustique est un enjeu majeur. Dans un projet culturel, elle façonne l’identité même du lieu. Nous cherchons à créer des salles où l’acoustique ne se cache pas derrière des matériaux techniques mais fait partie intégrante de l’architecture. Une salle doit être reconnaissable autant par sa forme que par son ambiance sonore. Par exemple, sur le projet de La Sirène à La Rochelle, nous avons travaillé avec un acousticien pour concevoir une salle au sein d’un bâtiment existant. Il a fallu jongler entre les contraintes techniques et notre vision architecturale. Finalement, nous avons réussi à combiner des éléments légers et des matériaux absorbants sans créer un « bunker » acoustique.
GAMBA : Comment collaborez-vous avec les bureaux d’études acoustiques ?
Chloé Bodart : C’est un dialogue permanent. Nous travaillons main dans la main avec les acousticiens pour ajuster les solutions techniques tout en préservant notre vision esthétique. Par exemple, nous aimons que les structures et les charpentes restent apparentes. L’acousticien nous aide à équilibrer cet aspect visuel avec des exigences de réverbération et d’isolation. Cette collaboration se fonde sur l’écoute et la recherche de solutions adaptées. Lorsque l’acousticien propose des éléments techniques, nous cherchons ensemble à les intégrer de manière visible et cohérente.
GAMBA : Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec GAMBA ?
Chloé Bodart : Le projet de la Cabane à Toulouse ou la réhabilitation de la SMAC du Krakatoa à Bordeaux illustre parfaitement notre approche collaborative. Pour le Krakatoa, nous avons travaillé en étroite concertation pour repenser l’acoustique de la salle tout en préservant son identité artistique forte. Les défis étaient multiples : améliorer l’isolation sonore pour minimiser l’impact sur le voisinage tout en créant une acoustique interne adaptée à une programmation musicale variée. Grâce à un dialogue constant, nous avons pu intégrer des matériaux acoustiques performants tout en respectant l’esthétique du lieu, créant ainsi une salle technique et accueillante.
GAMBA : Au-delà des salles de spectacles, quelle importance accordez-vous à l’acoustique dans d’autres types de projets ?
Chloé Bodart : L’acoustique est essentielle dans tous les bâtiments, pas seulement les salles de spectacles. Par exemple, dans les écoles, elle influence directement le bien-être et la concentration des élèves. Nous avons dû gérer des contraintes acoustiques complexes dans des projets scolaires, notamment sur des planchers bois où les nuisances sonores peuvent devenir problématiques. Ces retours d’expérience nous poussent à intégrer des solutions acoustiques dès la phase de conception.
GAMBA : Comment voyez-vous l’évolution du rôle de l’acoustique dans l’architecture ?
Chloé Bodart : Je pense qu’il reste encore beaucoup à faire pour démocratiser la culture acoustique. L’acoustique est souvent perçue comme un sujet technique alors qu’elle touche profondément l’expérience humaine. Une bonne acoustique améliore le bien-être et la qualité de vie, que ce soit dans un logement, un bureau ou une salle de spectacle. C’est un sujet que nous défendons activement dans tous nos projets, car l’architecture n’est pas qu’une question de forme : elle se vit aussi par les sens.
HALLES DE LA CARTOUCHERIE
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