Accueil › Mobilité électrique – on y va, on n’y va pas ?
Il y a quelques années nous faisions un exercice prospectif chiffré, de l’impact sur le bruit urbain de la transformation du parc automobile, du thermique vers l’électrique ; en synthèse, cette transformation aura un impact quasi-nul autour des axes péri-urbains (vitesse supérieure à 50 km/h) et nul pour les vitesses encore supérieures – c’est le bruit de roulement des pneumatiques qui prend le pas au-delà de 50 km/h pour les voitures. Cet article est toujours d’actualité et est à lire ici.
Dans les hypothèses de cet exercice, il y avait la massification de la flotte électrique, effet symétrique de la disparition des véhicules thermiques – rendue obligatoire par le législateur européen à partir de 2035, pour les véhicules neufs.
Les chiffres montrent une trajectoire « exponentielle » du nombre de véhicules électriques en France depuis 2020 (source Les Echos).
Et les ambitions gouvernementales sont affichées : au moins deux tiers des immatriculations françaises en 2030 devront être portées par des véhicules électriques, selon le Secrétariat Général pour la Planification Ecologique.
Pour autant, tous les voyants ne sont pas « au vert » en faveur de l’électrification : en absence de subventions, les véhicules électriques se vendent beaucoup moins bien (c’est le cas en Allemagne) ; tous les industriels ne poussent pas forcément dans le même sens (le patron de Stellantis doute ouvertement de la stratégie tout électrique) et le possible futur président des Etats-Unis reviendra certainement sur la politique en faveur du zéro émission. Sans parler du questionnement légitime sur l’exploitation des ressources et sur le recyclage des batteries en fin de vie.
Tandis que dans le même temps, la réduction des émissions de CO2 du parc automobile n’est pas au niveau attendu, selon la Cour des comptes européenne, qui pointe que les émissions réelles des voitures thermiques n’ont pas diminué cette dernière décennie, en dépit des mesures prises par l’UE… En cause, des voitures toujours plus nombreuses avec des moteurs plus puissants, la combinaison des deux annihilant les progrès technologiques.
L’Agence internationale de l’énergie appelle d’ailleurs à sévir contre les SUV, qui représenteraient à eux seuls la cinquième source mondiale de CO2 et qui sont en expansion forte dans le monde. La France a déjà imposé un malus à l’achat, pour tenter de dissuader les acheteurs et l’a même augmenté sévèrement dans le projet de loi de finances 2024.
De quoi encourager les aficionados des SUV à passer au tout électrique ? Bon pour le CO2 qui n’est plus émis au kilomètre, mais les spécialistes dénoncent une aberration – tout ce poids à mouvoir…
Quoi qu’il en soit, si les bénéfices de l’électrique sont réels sur le bruit en ville (à condition qu’une grande majorité de la flotte ait été transformée), il n’apporte rien autour des axes rapides, surtout si nos routes ne voient plus que des SUV aux gros pneumatiques encore plus bruyants. Les solutions : développer les transports publics, les modes doux, le co-voiturage, placer des écrans acoustiques où ils sont nécessaires, entretenir les routes, …
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