Accueil › « La Rénovation ! Mais c’est vieux comme le monde ça, la rénovation ! »
Cet été, en posant votre serviette sur la plage, vous ne vous doutez peut-être pas que vous allez vous allonger sur l’une des ressources naturelles des plus convoitées dans le monde, à l’heure actuelle et dans les décennies à venir.
En effet, avec 50 milliards de tonnes utilisées chaque année, le sable et le gravier constituent la deuxième ressource la plus utilisée après l’eau. Le rapport « Sable et durabilité : 10 recommandations stratégiques pour éviter une crise » du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) d’Avril 2022 pointe la surexploitation du sable et la non prise en compte des effets dévastateurs de celle-ci sur les écosystèmes, l’érosion des littoraux et la dégradation des terres, mettant en péril les moyens de subsistance des populations humaines : l’approvisionnement en eau, la production alimentaire, la pêche, ou encore, l’industrie du tourisme.
Le secteur de la construction est le plus gros consommateur de sable avec la production du béton, du verre ou de l’asphalte. Aussi, l’une des 10 recommandations du PNUE consiste à trouver et développer des alternatives à l’utilisation du sable dans les techniques de construction, notamment en favorisant le recyclage des déchets issus du verre ou du béton. Actuellement, seuls 10% environ des déchets de la construction sont recyclés.
De manière générale, les pénuries de matériaux, vécues de manière contextuelle ces derniers mois, pourraient devenir beaucoup plus cycliques, voire constantes, à l’avenir, avec l’accroissement démographique et une demande toujours croissante au niveau mondial, dans le secteur de la construction. Dans ce contexte, les chantiers de rénovations – énergétiques mais pas seulement – ainsi que les techniques de réemplois et de recyclage, devraient se développer fortement dans les prochaines années.
Aujourd’hui déjà, une bonne partie de notre activité de Bureau d’études acoustique concernent des opérations de rénovations, réhabilitation ou transformations de bâtiments. Et même dans les projets de constructions neuves, les possibilités d’utilisation de matériaux recyclés ou réemployés sont multiples et font partie du quotidien des équipes de conception.
Si des matériaux comme les « fibres recyclées » (issus de l’industrie textile, notamment) sont bien connus et ont été testés en laboratoires (rapports d’essais concernant l’isolation de cloisons avec isolant acoustique en fibres recyclées, par exemple), d’autres techniques sont moins étudiées ou font l’objet de moins de retours d’expérience. On peut citer, par exemple, l’utilisation de murs à base de terre crue, comme le pisé, pour lesquels peu d’essais ont été réalisés, et dont on extrapole généralement l’affaiblissement acoustique sur la base de la masse volumique du matériau.
De même, pour des murs existants, bien souvent hétérogènes (voir photo 1 ci-dessous), l’évaluation de l’efficacité acoustique n’est pas toujours évidente.
Lors d’opérations de rénovation, il est bien souvent nécessaire de réaliser des mesures de diagnostic acoustique sur l’existant, pour caractériser les performances des parois ou planchers qui seront conservés ou bien pour évaluer l’efficacité de l’enveloppe du bâtiment : façades, menuiseries, toitures, etc
Les mesures acoustiques permettent souvent de détecter des défauts ou faiblesses pas forcément visibles (ni même audibles) comme d’anciens conduits ou ouvertures plus ou moins bien rebouchés.
Les planchers anciens sont également à étudier tout particulièrement ; les plus anciens n’étant d’ailleurs pas forcément les plus mauvais (voir le guide Qualitel de Juillet 2018) : les remplissages en « marin », les augets en plâtre ou autres techniques qui permettent d’apporter de la masse sont souvent plus performants que les planchers de types « poutrelles-hourdis » ou même en béton plein de faible épaisseur, qu’on trouve dans les constructions des années 1950-60.
Pour renforcer des parois ou des planchers hétérogènes conservés, ou pour créer une paroi ou un plancher en limitant les surcharges, l’optimisation des solutions techniques à mettre en œuvre nécessite une bonne connaissance des propriétés acoustiques et des caractéristiques physiques des matériaux utilisés (densité, facteur de pertes internes, raideurs statiques, etc), mais également le comportement des couplages entre les différentes couches : par exemple, une chape flottante n’aura pas le même comportement sur un plancher existant en bois que sur la dalle en béton de 14cm sur laquelle elle a été testée en laboratoire.
Les outils informatiques performants, existants actuellement permettent de modéliser ces parois et planchers complexes et de réaliser les calculs prévisionnels, afin de limiter les surcharges et les épaisseurs trop importantes, tout en atteignant des performances acoustiques d’atténuations des bruits de chocs ou aériens conformes au bon usage des locaux.
De même, il est possible de travailler sur le réemploi de matériaux ou matériel de bâtiments en rénovation, pour améliorer l’acoustique de certains locaux. Ainsi des tablettes d’amphithéâtre ou des moulages d’œuvre d’art sont réemployés pour créer de la diffusion acoustique sur les parois d’un auditorium ou d’une salle de spectacle (voir article par ailleurs).
Ainsi, « faire mieux avec moins » est possible y compris dans le domaine acoustique, à condition de se donner les moyens (et le temps nécessaire !) pour bien penser- conjointement avec les équipes de conception et les entreprises – les systèmes constructifs les plus adaptés aux défis des années à venir.
O.Servonnat
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