Accueil › Employeurs, ça vous tente 11 milliards d’euros par an ?
Une nouvelle étude commandée par l’ADEME a évalué en 2021 le coût social du bruit en France à **156 milliards d’Euros par an**. Ce coût comprend les coûts sanitaires marchands (indemnisation, hospitalisation, médication), les coûts sanitaires non marchands (perte de bien-être estimée sur la valeur statistique d’une vie) et les coûts non sanitaires, comme la perte de productivité et la dépréciation immobilière.
La plus grosse part de ce coût est liée aux transports (68%). Le **bruit dans le milieu du travail** représente quant à lui 14% de ces 156 milliards, soit environ **21 milliards d’Euros**.
Et dans ces 21 milliards perdus tous les ans à cause du bruit au travail, environ **11 milliards** sont constitués par un coût qui est directement porté par les entreprises, celui de la **perte de productivité**.
Est-ce une fatalité ? Surement pas. La visite des locaux de travail en France (ateliers de production ou locaux tertiaires), montre qu’il y a encore beaucoup de marge de diminution du bruit, qui permettrait, selon la relation de cause à effet établie entre bruit et productivité, de récupérer des marges de productivité.
Certes, pour gagner, il faut dépenser. En l’occurrence, dans quels domaines et combien ? Dans les années 90, un groupe comme Péchiney s’était attelé à faire le point sur la situation acoustique de l’ensemble de ses sites de production en France, afin d’avoir d’une part une vision générale sur le degré d’exposition sonore de ses salariés et d’autre part une évaluation budgétaire de l’investissement à prévoir pour améliorer significativement la situation. Groupe Gamba, alors jeune bureau d’études, s’était vu confier cette « mission exploratoire » à laquelle le rédacteur de cet article a participé, consistant à visiter pendant plusieurs mois l’ensemble des installations Péchiney sur toute la France et, sur la base d’une méthodologie simple et rapide, à évaluer les coûts d’étude et de travaux à réaliser. Cette méthode « au pas de charge » produisait des évaluations relativement approximatives mais statistiquement significatives à l’échelle du groupe Péchiney et quoi qu’il en soit, porteuses d’informations pour l’industriel qui était ainsi en mesure de définir ses priorités et budgéter ses investissements. S’en sont suivies des études au sens plus classique du terme et la mise en œuvre d’un programme de travaux pour réduire le bruit. Et pour soutenir les efforts sur le long terme, des actions de formation et de sensibilisation ont été mises en place, avec comme objectif que s’installe durablement une culture vertueuse vis à vis de la prise en compte du bruit.
La mise en évidence de ces onze milliards d’Euros perdus par an devrait conduire les pouvoirs publics à s’emparer du sujet. L’État pourrait par exemple aider les entreprises à faire ce travail de diagnostic, de prospective et de mise en place d’actions, qu’elles ne font pas aujourd’hui, pour des raisons financières évidentes. Ce que le groupe Péchiney a fait pour lui-même dans les années 90 pourrait ainsi se décliner plus massivement au sein des entreprises, pour une amélioration des conditions de travail, une augmentation de la productivité et la création d’heures de travail bienvenues pour les prestataires d’ingénierie et de travaux.
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